La France vacille. Les crises s’enchaînent, s’empilent, se nourrissent les unes des autres : crise politique, crise sociale, crise économique, crise identitaire, crise de confiance. Partout, la même sensation de déclin. Une lassitude généralisée. Une colère sourde qui couve. Une indignation qui monte, mais qui, trop souvent, ne débouche sur rien.
Il est légitime de s’indigner. L’injustice, le mensonge, la lâcheté de certains dirigeants, l’abandon des services publics, la montée des violences, le mépris des élites… tout cela suscite une émotion puissante, presque instinctive. Mais cette indignation, si elle n’est pas suivie d’analyse, d’action et de lucidité, se transforme vite en impuissance. Elle devient une posture. Un réflexe pavlovien. Une soupape de sécurité utile au système lui-même.
Ce manifeste propose autre chose : une réflexion plus radicale, plus dérangeante, mais aussi plus féconde. Et si la situation actuelle n’était pas le fruit du hasard ni la faute d’un seul gouvernement ? Et si ce lent effondrement était le résultat d’une trajectoire collective que nous avons, consciemment ou non, acceptée, encouragée, ou simplement tolérée ?
Il est peut-être trop tard pour s’indigner, mais il n’est pas trop tard pour comprendre. Pas trop tard pour se réveiller. Pas trop tard pour changer.
Ce manifeste est une invitation à regarder les choses en face, sans faux-semblants, sans filtres, sans lâcheté. Il ne s’agit pas d’ajouter un énième cri à la cacophonie ambiante, mais d’ouvrir un chemin de lucidité. De rappeler que la République n’est pas un héritage figé, mais une construction fragile, qui exige des citoyens debout. Des citoyens exigeants, responsables, déterminés.
Oui, la situation est grave. Oui, l’avenir semble sombre. Mais la pire des attitudes serait de détourner les yeux ou de baisser les bras. Car il existe encore une marge d’action. Il existe encore des forces vives, des esprits libres, des volontés prêtes à s’engager.
Nous ne pouvons plus laisser faire.
Nous ne devons plus nous contenter d’indignation.
Nous devons reprendre notre destin en main.




